Le miroir brillant n’est pas un piédestal

février 16, 2025

Le poème de Shenxiu, présenté au maître, explique que “Le corps est l’arbre de la Bodhi”, tandis que Huineng répond “La Bodhi n’est originellement pas un arbre”. Les commentateurs disent souvent que Shenxiu s’attache, tandis que Huineng détache. En réalité, le poème de Shenxiu est erroné dès le premier vers. Bouddha enseigne que le corps est la source de la souffrance, comparer le corps à la Bodhi est une erreur. Cultiver, c’est cultiver l’esprit, et non pas le corps. C’est pourquoi Huineng dit : “La Bodhi n’est originellement pas un arbre”.

Le deuxième vers de Shenxiu, “L’esprit est comme un miroir brillant sur un piédestal”, est également faux. Comparer la nature de Bouddha à un miroir brillant est acceptable, mais la comparer à un miroir brillant sur un piédestal est incorrect. L’erreur de Shenxiu est due à la rime dans le poème. Le mot “piédestal” en chinois classique est là pour rimer avec le dernier vers “Ne laissez pas la poussière s’accumuler”. C’est pourquoi Huineng dit : “Le miroir brillant n’est pas un piédestal”.

Shenxiu continue avec “Il faut le polir constamment”, cette pratique n’est pas du Chan, car il s’agit de cultiver l’esprit illusoire. Cultiver quotidiennement l’esprit illusoire, c’est maintenir l’illusion, on ne peut pas atteindre la nature de Bouddha. Huineng répond “Depuis toujours, il n’y a rien”, disant qu’il n’y a rien à polir, la nature de Bouddha n’a rien à polir.

Shenxiu conclut par “Ne laissez pas la poussière s’accumuler”, Huineng répond “Où la poussière pourrait-elle s’accrocher ?”. Cette phrase implique que la nature de Bouddha n’est jamais souillée. Seule une personne qui a réalisé sa nature peut témoigner que la nature de Bouddha est immaculée. Grâce à cela, Huineng reçut la transmission du vêtement et du bol.

Le principe de survie du Chan est que la nature de Bouddha n’est jamais souillée. Parce que la nature de Bouddha est immaculée, on parle d’éveil, d’illumination. Depuis toujours, la nature de Bouddha est originellement parfaite ; depuis des temps immémoriaux, notre nature de Bouddha est pleine, lumineuse et est le Grand Nirvana. Le plus sublime est que la nature de Bouddha n’est jamais souillée. C’est précisément parce que la nature de Bouddha est immaculée que nous pouvons réaliser notre nature, qu’il existe une méthode pour réaliser sa nature, qu’il existe le Chan.

Cependant, comprendre que la nature de Bouddha est le Vide est une erreur. La nature de Bouddha n’est pas le Vide. La nature de Bouddha est à la fois le Vide Véritable et l’Existence Merveilleuse, elle est Permanente, Bienheureuse, Soi, Pure. La première personne à penser que la nature de Bouddha est le Vide à cause de la phrase “Depuis toujours, il n’y a rien” est Shenxiu.

Shenxiu préconise que “Il faut le polir constamment, ne laissez pas la poussière s’accumuler” est la pratique des Deux Véhicules : cultiver la méditation, la libération, atteindre l’état d’Arhat. Le but du Chan est la réalisation de la nature et non la méditation, la libération. Shenxiu ne comprend pas le but et la méthode du Chan, il ne comprend même pas les bases du bouddhisme. Le poème de Huineng, quant à lui, exprime la vérité sur le Chan et la nature de Bouddha. C’est le poème d’une personne qui a réalisé sa nature. “Le miroir brillant n’est pas un piédestal” affirme que la nature de Bouddha est originellement pure, qu’elle n’a pas besoin d’être polie, qu’elle n’est pas souillée.

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