Qu’est-ce que la bonté ?

février 17, 2025

Dès l’école primaire, mon père nous a enseigné que le terme « bonté » provenait de caractères chinois. « Tử » (tử) désigne les petites choses, tandis que « tế » (tế) signifie les choses ordinaires. La combinaison de ces deux caractères signifie prêter attention aux petites choses. Au fil du temps, l’expression est devenue courante dans la vie quotidienne, acquérant un sens à la fois abstrait et noble, mais aussi concret et ancré dans le quotidien. La bonté ne réside pas seulement dans les paroles, mais surtout dans les pensées qui se traduisent en actions. Son contraire englobe la brutalité, la lâcheté, la tromperie, la malhonnêteté, la flatterie et l’égoïsme. La bonté n’est pas l’apanage d’une classe sociale particulière. Tout le monde peut devenir bon grâce à une éducation dès l’enfance et à une pratique constante tout au long de la vie.

En grandissant, grâce à l’éducation et à mon engagement révolutionnaire, j’ai progressivement compris que la vie humaine est semée d’embûches. Elle n’est pas toujours rose et l’on rencontre inévitablement des obstacles, y compris des ténèbres, de la malhonnêteté, de la jalousie et de l’ambition démesurée.

J’ai été imprégné des idéaux de l’Oncle Hô et du Parti. Au début, je ne comprenais pas grand-chose aux concepts abstraits tels que les catégories, les lois, la lutte des classes et la dictature du prolétariat. Mais grâce aux enseignements de mon père, aux leçons de morale de l’école et à mes interactions avec mes camarades et collègues, dont beaucoup étaient membres du Parti, j’ai progressivement réalisé qu’à côté du mal, il existe partout des personnes bienveillantes, aimantes, altruistes, dévouées au bien commun, qui joignent le geste à la parole et qui sont prêtes à se sacrifier avec optimisme, courage et intelligence pour une cause noble, sans se soucier des postes ou des récompenses. Pour eux, la bonté est une évidence.

En 1956, j’ai postulé pour adhérer au Parti. Le secrétaire de la cellule, qui était également commissaire politique de la compagnie où je servais comme soldat affecté à l’intendance, a examiné attentivement mon dossier. Sachant que j’étais un étudiant engagé dans l’armée, issu de la petite bourgeoisie, et me voyant pâle, grand et maigre, parlant avec assurance et sans aucune apparence de « paysan-ouvrier », il m’a interrogé : « Pourquoi veux-tu adhérer au Parti ? » (je ne sais pas pourquoi, dans le contexte militaire de l’époque, ce supérieur hiérarchique me vouvoyait).

Devant son attitude amicale et l’atmosphère détendue, je l’ai tutoyé à mon tour et j’ai oublié les réponses toutes faites que les deux membres du Parti chargés de me guider m’avaient conseillées, comme par exemple : adhérer au Parti pour l’idéal communiste, aspirer à rejoindre ses rangs glorieux, devenir un combattant révolutionnaire à vie, prêt à se sacrifier pour la libération nationale et la construction du communisme dans le monde entier…

Au lieu de cela, je lui ai ouvert mon cœur sans fioritures : « Je vois que les membres du Parti dans notre compagnie sont tous de bonnes personnes, comme mon père me l’a appris dans mon enfance, ce sont des gens bons. Ils font les mêmes tâches que moi, mais je les trouve plus grands et plus nobles. Je me sens petit à côté d’eux. Je veux adhérer au Parti pour apprendre et devenir un « adulte » comme eux ».

Je ne sais pas ce qu’a pensé le secrétaire de la cellule, mais peu de temps après, j’ai suivi une courte formation et on m’a confié des tâches difficiles (ce n’est qu’après être devenu membre du Parti que j’ai compris qu’il s’agissait d’une mise à l’épreuve). J’ai accompli les missions qui m’étaient confiées et j’ai été admis au Parti.

Depuis lors, 56 années se sont écoulées, j’ai été témoin de nombreux bouleversements et de nombreux membres du Parti (supérieurs et subordonnés directs) m’ont fait comprendre que : dans notre Parti, la plupart des membres, quel que soit leur rang, dignes de ce titre noble, sont des personnes bonnes et vice versa. Il est réjouissant de constater que dans la société actuelle, malgré quelques problèmes persistants dans les administrations, les quartiers et les villages, le courant dominant de la bonté coule dans des dizaines de millions de cœurs et d’esprits vietnamiens. En réalité, il y a encore beaucoup de bonnes personnes dans notre Parti et parmi notre peuple.

Parfois, lors de discussions au sein de la cellule, nous sommes attristés d’apprendre que certains cadres se sont corrompus. Ils ont souvent prononcé des discours éloquents sur l’apprentissage et la mise en pratique de l’exemple moral de l’Oncle Hô, mais il semble qu’on ne les ait jamais entendus dire : « Une nation, un parti et chaque individu, grands et influents hier, ne seront pas forcément aimés et loués aujourd’hui et demain s’ils perdent leur intégrité, s’ils succombent à l’individualisme… Chaque personne porte en elle le bien et le mal. Nous devons faire en sorte que le bien en chacun s’épanouisse comme les fleurs au printemps et que le mal disparaisse progressivement. C’est l’attitude d’un révolutionnaire. »

Tristes et en colère contre ces cadres, après réflexion, nous nous disons qu’il ne faut pas se laisser troubler par ces individus dégénérés et perdre confiance dans les idéaux du Parti et de l’Oncle Hô. Après tout, ils ne sont que « quelques pommes pourries qui gâtent le panier ». La bonté de la majorité des membres du Parti et du peuple sera un insecticide efficace pour que l’arbre de la vie reste à jamais verdoyant. – Trần Đình Huỳnh

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