Qu’est-ce que la volition (cetanā) ?

février 12, 2025

La volition (cetanā) et les pensées discursives sont souvent confondues. Qu’est-ce que la volition et en quoi diffère-t-elle des pensées discursives ? La volition survient-elle seulement lorsqu’il y a des pensées discursives, ou peut-on la générer intentionnellement en leur absence ? Pour bien comprendre, il faut distinguer la signification de ces deux concepts.

Selon l’Abhidharma, l’attention (manasikāra) est le fait de diriger son esprit vers un objet, principalement de manière correcte (attention juste – yoniso manasikāra) ou incorrecte (attention erronée – ayoniso manasikāra). L’attention (manasikāra) dirige l’esprit et les facteurs mentaux associés vers l’objet (la perception), permettant à l’objet de se manifester dans l’esprit, sans toutefois le créer.

La volition (cetanā), aussi appelée intention ou pensée intentionnelle, est un facteur mental de réaction volontaire, une attitude envers l’objet. Par conséquent, la volition peut être bonne ou mauvaise, conditionnée ou inconditionnée (simple volition), avec ou sans cause. Ce facteur mental de volition, cette pensée intentionnelle, est souvent traduit par « attention » dans de nombreux contextes. « Ô moines, j’appelle volition (cetanā) karma. Car c’est par la volition que les êtres créent le karma par le corps, la parole et l’esprit. » Ou encore : « Ô moines, après que la volition est apparue, alors seulement le karma est créé par le corps, la parole et l’esprit. C’est pourquoi le Bouddha a enseigné que la volition (cetanā) est appelée karma » (Saṃyutta Nikāya). Lorsque l’on dit que le karma est une action intentionnelle, il s’agit de cetanā et non de manasikāra.

L’école Cittamātra définit également l’attention et la volition de manière similaire à l’Abhidharma : « L’attention est la vigilance de l’esprit, ayant la fonction de conduire l’esprit vers l’objet. Cela signifie qu’elle est vigilante pour empêcher l’esprit de surgir lorsqu’il ne devrait pas, et qu’elle conduit l’esprit déjà surgi vers l’objet, c’est pourquoi on l’appelle attention. La volition est la capacité de l’esprit à créer des actions, et a la fonction de faire en sorte que l’esprit s’engage et s’approprie. Cela signifie qu’elle prend l’aspect principal de l’objet, puis le manipule pour que l’esprit s’y engage et se l’approprie. » (Vijñaptimātratāsiddhi)

Les pensées discursives sont des pensées, des souvenirs de choses inexactes. Les pensées discursives sont également appelées discrimination illusoire et renversée. Elles sont synonymes de pensées erronées, c’est-à-dire la discrimination de l’aspect des phénomènes avec un esprit confus, une adhésion erronée due à l’attachement mental qui empêche de percevoir les phénomènes tels qu’ils sont réellement (Dictionnaire bouddhique de Fo Guang). En général, les pensées discursives sont des pensées parasites, des idées vagabondes qui surgissent dans l’esprit, principalement des souvenirs du passé et des rêveries sur l’avenir ; c’est un état d’esprit non attentif.

La maîtrise des pensées discursives est liée à la volition (cetanā). Car c’est la volition (cetanā), lorsqu’elle coexiste avec un esprit bon ou mauvais, qui crée le karma bon ou mauvais. Or, les pensées discursives sont majoritairement un esprit mauvais. Les pensées discursives, ces idées qui surgissent soudainement dans l’esprit (dues aux pensées et à l’attachement erronés), sont ensuite soutenues et encouragées par la volition (cetanā) à agir et à créer du karma par le corps, la parole et l’esprit. En raison de la nature active, créatrice et déterminante de la volition (cetanā), lorsqu’elle coexiste avec un esprit mauvais (pensées discursives), un mauvais karma est créé.

Lorsqu’on prend conscience des pensées discursives, il est important de s’éveiller et de ramener l’esprit à l’attention, en s’ancrant sur un objet familier ou sur la réalité présente. Ce processus peut être considéré comme la volition (cetanā) coexistant avec un bon esprit. La nature des pensées discursives est de naître et de disparaître d’elles-mêmes. Lorsque l’on sait clairement que l’esprit est sans pensées discursives, calme, clair et vaste, on demeure ainsi en paix.

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