Le déficit de réparation des mésappariements de l’ADN (dMMR) est une condition où le mécanisme de réparation des erreurs dans l’ADN est déficient. Le système de réparation des mésappariements (MMR) est responsable de la détection et de la correction des erreurs qui surviennent lors de la réplication de l’ADN. Lorsque ce système est défectueux (dMMR), de petites erreurs dans l’ADN, appelées microsatellites, peuvent s’accumuler et entraîner une instabilité des microsatellites (MSI).
Le cancer colorectal (CCR) est l’un des cancers les plus courants et le traitement adjuvant au fluorouracile (FU) est largement utilisé pour les patients atteints d’un CCR de stade III et certains cas de stade II. Cependant, tous les patients ne bénéficient pas de cette thérapie adjuvante. Des études antérieures ont montré que les patients atteints d’un CCR avec une instabilité élevée des microsatellites (MSI-H) ou un dMMR ont un meilleur pronostic et ne bénéficient pas d’une thérapie adjuvante à base de FU comparativement aux patients ayant une tumeur stable aux microsatellites ou un MMR proficient (pMMR).
Une étude menée sur 457 patients atteints d’un CCR de stade II et III a été randomisée pour un traitement à base de FU ou sans traitement après la chirurgie. Les résultats ont montré que la thérapie adjuvante améliorait significativement la survie sans maladie (SSM) chez les patients ayant une tumeur pMMR. Cependant, les patients ayant une tumeur dMMR n’ont pas présenté d’amélioration de la SSM avec le traitement au FU par rapport à ceux ayant subi une chirurgie seule. Dans un ensemble de données regroupées de 1 027 patients, ces résultats ont été maintenus; chez les patients atteints d’un CCR de stade II avec une tumeur dMMR, le traitement au FU était associé à une réduction de la survie globale.
Le dMMR peut être identifié par un test MSI ou par immunohistochimie pour détecter la perte de protéines des gènes liés au MMR, les plus courants étant MLH1, MSH2, MSH6 et PMS2. Les cancers colorectaux avec dMMR ont des caractéristiques distinctes, notamment une prédominance dans le côlon proximal, une différenciation médiocre et/ou une histologie mucineuse, une infiltration lymphocytaire intra et péritumorale, et une teneur en ADN diploïde.
La stratification des patients selon le statut MMR peut fournir une approche plus personnalisée de la thérapie adjuvante du CCR. Ces données appuient l’évaluation du statut MMR pour les patients envisagés pour une thérapie à base de FU seule et la prise en compte du statut MMR dans la prise de décision thérapeutique. En particulier, pour les patients atteints d’un CCR de stade II, le dMMR est un facteur pronostique favorable et suggère que les patients pourraient ne pas avoir besoin d’un traitement adjuvant au FU. Cependant, pour les patients atteints d’un CCR de stade III, des données supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le rôle du statut MMR dans la prise de décision thérapeutique. L’identification du dMMR peut aider à personnaliser le traitement du CCR, à éviter les effets secondaires inutiles et à améliorer les résultats pour les patients.