Qu’est-ce que la diphtérie?

février 12, 2025

La diphtérie est une infection bactérienne aiguë qui se manifeste par la formation de fausses membranes sur les amygdales, le pharynx, le larynx, le nez et parfois la peau. Elle est causée par la bactérie Corynebacterium diphtheriae. L’infection peut également atteindre d’autres muqueuses comme la conjonctive des yeux, les oreilles et les organes génitaux.

Cette maladie est à la fois infectieuse et toxique. Les lésions graves sont principalement dues à l’exotoxine produite par la bactérie. Cette bactérie est un bacille Gram positif aérobie qui ne produit la toxine que lorsqu’elle est infectée par un Corynebactériophage porteur du gène de la toxine.

La diphtérie a été décrite pour la première fois au Ve siècle avant J.-C. par Hippocrate, le « père de la médecine ». Des documents médicaux ont également signalé la présence de la maladie dans la Syrie et l’Égypte antiques. Les épidémies graves ont commencé après 1700. La bactérie responsable a été découverte en 1883-1884.

Au début des années 1900, des scientifiques ont commencé à tester des mesures préventives en combinant la toxine et l’antitoxine. Un sérum antidiphtérique a été développé au début des années 1920, mais il n’a pas été largement utilisé avant le début des années 1930. À partir de 1940, l’antitoxine a été utilisée plus fréquemment, en association avec l’anatoxine tétanique et le vaccin anticoquelucheux.

Dans les années 1980, des épidémies de diphtérie ont été enregistrées dans des pays comme la Russie et l’Ukraine en raison de l’interruption des programmes de vaccination. En 1994, plus de 39 000 cas de diphtérie ont été recensés en Russie, dont 1 100 décès.

Au Vietnam, près de 3 500 cas de diphtérie ont été signalés en 1983. Grâce à la vaccination, le nombre de cas a rapidement diminué par la suite. Selon le ministère de la Santé, le taux d’incidence de la diphtérie au Vietnam est en baisse constante depuis 1984, parallèlement à l’augmentation du taux de vaccination contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos.

Plus précisément, le taux d’incidence de la diphtérie au Vietnam est passé de 3,95/100 000 habitants en 1985 à 0,14/100 000 habitants en 2000. De 2004 à 2019, le nombre de cas a oscillé entre 10 et 50 par an. Cependant, depuis 2020, le taux d’incidence de la diphtérie a tendance à augmenter, avec 226 cas enregistrés au cours de la même période. Début juillet 2024, un décès dû à la diphtérie a été signalé au Vietnam.

Les cas de diphtérie au Vietnam sont souvent plus nombreux en août, septembre et octobre.

La diphtérie est causée par la bactérie Corynebacterium diphtheriae, de la famille des Corynebacteriaceae. Il existe quatre types de cette bactérie : gravis, intermedius, mitis et belfanti, qui peuvent tous produire la toxine et provoquer une maladie grave.

Cette bactérie est très résistante dans l’environnement extérieur et tolère le froid et la sécheresse. Enveloppée de mucus, elle peut survivre sur des objets pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Elle est cependant sensible aux agents physiques et chimiques. Elle meurt en quelques heures à la lumière du soleil. À 58 °C, elle survit 10 minutes, et dans du phénol à 1 % ou de l’alcool à 60°, elle survit 1 minute.

Malgré l’existence d’un vaccin, des cas de diphtérie sont encore signalés dans le monde et au Vietnam, principalement en raison d’une couverture vaccinale insuffisante.

En particulier, le vaccin antidiphtérique doit être administré aux enfants âgés de 0 à 2 ans, puis des rappels doivent être effectués. Cependant, de nombreux enfants ne sont vaccinés que pendant les deux premières années de leur vie et ne reçoivent pas de rappels par la suite. Les anticorps diminuent alors, augmentant le risque de contracter la maladie.

Il existe deux types de diphtérie : respiratoire et cutanée.

  1. Diphtérie respiratoire: Également appelée diphtérie pharyngée, c’est la forme la plus courante (40 à 70 % des cas). Elle touche le nez, la gorge, les amygdales et le larynx. Les symptômes varient selon la localisation de l’infection.
  2. Diphtérie cutanée et des autres muqueuses: Plus rare que la diphtérie pharyngée, elle touche la peau et les autres muqueuses (conjonctive, muqueuses génitales, conduit auditif externe…). Elle provoque des infections et des ulcères cutanés pouvant laisser des cicatrices permanentes.

La période d’incubation de la diphtérie varie de 1 à 10 jours, le plus souvent de 2 à 5 jours après l’exposition à la bactérie. La personne infectée peut transmettre la bactérie dès le début de la maladie, voire dès la fin de la période d’incubation.

Chez les personnes non traitées, la bactérie peut persister dans les sécrétions et endommager les organes pendant 2 à 6 semaines après l’infection.

Il existe trois principales sources de contamination :

  • Gouttelettes respiratoires: La diphtérie se transmet le plus souvent par voie aérienne, par les gouttelettes de salive projetées lors de la toux, des éternuements ou des crachats.
  • Contact avec des objets contaminés: La bactérie peut survivre plusieurs jours dans l’air et sur les surfaces. Toucher des objets contaminés, notamment des objets personnels, augmente le risque d’infection.
  • Contact avec les sécrétions de plaies: En cas de diphtérie cutanée, la maladie peut se transmettre par contact avec les plaies ou les ulcères infectés.

La bactérie de la diphtérie est très contagieuse. La période de contagion est variable, pouvant aller de 2 à 4 semaines, mais dépasse rarement cette durée. Après le début d’un traitement antibiotique, la personne infectée n’est généralement plus contagieuse après 48 heures.

Les porteurs sains, infectés par la bactérie mais ne présentant pas de symptômes, peuvent également transmettre la maladie. Un manque de contrôle et le non-respect des mesures préventives augmentent le risque d’épidémie.

Selon l’OMS, toute personne non immunisée (non vaccinée ou vaccination incomplète) peut contracter la diphtérie. Certains groupes sont plus à risque :

  • Contacts étroits des malades: La proximité avec une personne atteinte de diphtérie augmente le risque d’infection (famille, amis, collègues, personnel soignant…).
  • Voyageurs dans des zones d’endémie: Le risque d’infection est plus élevé pour les personnes se rendant dans des régions où la maladie est présente.
  • Personnes immunodéprimées: Les personnes dont le système immunitaire est affaibli (immunodéficience primaire, nourrissons de plus de 6 mois, personnes âgées, toxicomanes, greffés, malades chroniques…) sont plus vulnérables à l’infection et présentent un taux de réinfection de 2 à 5 %.
  • Personnes vivant dans de mauvaises conditions d’hygiène: Le risque est plus élevé dans les environnements surpeuplés et insalubres où la bactérie peut survivre sur les surfaces.

Les symptômes de la diphtérie varient selon la localisation de l’infection :

  • Diphtérie nasale: Écoulement nasal purulent, parfois sanguinolent, présence de fausses membranes sur la cloison nasale. Forme généralement bénigne car la toxine pénètre peu dans le sang.
  • Diphtérie pharyngée et amygdalienne: Fatigue, maux de gorge, perte d’appétit, fièvre légère. Après 2 à 3 jours, apparition de nécrose formant des fausses membranes blanc-grisâtres, épaisses et adhérentes aux amygdales, pouvant s’étendre au pharynx. Œdème sous-maxillaire et ganglions cervicaux gonflés (cou proconsulaire), parfois gêne respiratoire, surtout chez l’enfant. Dans les cas graves, œdème généralisé, cyanose, tachycardie, sueurs, coma. Sans traitement, décès possible en 6 à 10 jours.
  • Diphtérie laryngée: Forme grave à évolution rapide. Fièvre légère, enrouement, toux, fausses membranes dans le larynx ou extension depuis le pharynx. Risque d’obstruction des voies aériennes, détresse respiratoire et décès rapide sans traitement.

La bactérie peut atteindre d’autres sites, mais ces formes sont rares et bénignes.

La diphtérie est une maladie grave pouvant entraîner des complications sévères, voire mortelles, et provoquer des épidémies dans les régions où la couverture vaccinale est faible. Le taux de mortalité est élevé en l’absence de traitement.

La mortalité est de 5 à 10 %, pouvant atteindre 20 % chez les enfants de moins de 5 ans et les adultes de plus de 40 ans. Elle atteint environ 30 % chez les personnes non vaccinées et non traitées.

Chez la femme enceinte, la mortalité est d’environ 50 %, et les deux tiers des survivantes font une fausse couche ou accouchent prématurément.

Les complications possibles de la diphtérie sont :

  • Obstruction des voies aériennes: Les fausses membranes peuvent obstruer les voies aériennes, entraînant une détresse respiratoire et la mort.
  • Myocardite: La toxine diphtérique peut endommager le muscle cardiaque, provoquant une myocardite, des troubles du rythme, une insuffisance cardiaque et un décès soudain.
  • Complications neurologiques: Dans de rares cas, la toxine peut atteindre les nerfs, causant des paralysies ou des atteintes neurologiques.
  • Septicémie: La bactérie peut se propager dans le sang, entraînant une septicémie, une défaillance multiviscérale et un choc septique.
  • Ulcères cutanés: La diphtérie cutanée provoque des ulcères qui peuvent laisser des cicatrices, mais cette forme est moins grave.
  • Décès: En l’absence de traitement, la diphtérie peut être mortelle, surtout chez les jeunes enfants et les personnes immunodéprimées.

En cas de suspicion de diphtérie ou de contact avec une personne malade, consultez immédiatement un médecin pour un prélèvement de gorge afin de rechercher la bactérie.

Le diagnostic repose sur l’examen microscopique d’un frottis coloré au Gram (bacilles Gram positifs, renflés aux extrémités) ou à l’Albert (bacilles bleus).

La culture bactérienne est également possible, mais les résultats sont plus longs à obtenir.

La diphtérie se traite par des médicaments. Le traitement doit être administré dans un hôpital spécialisé.

Le traitement comprend l’administration de sérum antidiphtérique et d’antibiotiques comme l’érythromycine ou la pénicilline par voie intramusculaire. Le sérum neutralise la toxine, tandis que les antibiotiques éliminent la bactérie. Le traitement est plus efficace au début de la maladie et réduit la contagiosité.

Des mesures de soutien peuvent être nécessaires, comme l’assistance respiratoire en cas de détresse respiratoire.

Pendant le traitement, le patient doit être isolé, se reposer, boire beaucoup d’eau, éviter le manque de sommeil, la fatigue et les stimulants. Il est essentiel de respecter la prescription antibiotique pour éliminer complètement la bactérie.

Après le traitement, des tests de contrôle sont nécessaires pour vérifier l’éradication de la bactérie. La guérison est confirmée par deux tests négatifs consécutifs à 24 heures d’intervalle.

La prévention de la diphtérie repose sur la vaccination et d’autres mesures.

1. Vaccination:

La vaccination est le moyen le plus efficace de prévenir la diphtérie. L’OMS recommande 6 doses de vaccin, de l’âge de 6 semaines à l’adolescence, pour une protection durable.

2. Autres mesures préventives:

Les personnes en contact étroit avec un malade peuvent recevoir des antibiotiques à titre préventif.

Il est important d’adopter de bonnes habitudes d’hygiène : se laver les mains fréquemment à l’eau et au savon, se couvrir la bouche et le nez en cas de toux ou d’éternuements, éviter les contacts étroits avec les personnes atteintes d’infection respiratoire.

Un mode de vie sain (repos, alimentation équilibrée, exercice physique…) renforce le système immunitaire et réduit le risque de maladie. Ces mesures contribuent à limiter la propagation de la diphtérie.

La diphtérie est une maladie contagieuse, grave et potentiellement mortelle. La vaccination est essentielle pour tous, enfants et adultes. Consultez un médecin dès l’apparition des symptômes pour éviter des conséquences graves.

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